Système scolaire en Europe : quel pays affiche le pire bilan ?

113 points d’écart. Voilà le fossé qui sépare les élèves défavorisés des plus favorisés en France, à en croire les tout derniers chiffres du rapport PISA de l’OCDE. Dans la salle de classe, le destin scolaire se joue souvent sur le bulletin de paie des parents : redoublements en série chez les plus modestes, portes closes vers les filières de prestige. Les chiffres, froids, tranchent : le système éducatif français peine à offrir la même chance à tous.

La France ne décolle pas du peloton de tête des pays européens où l’origine sociale pèse lourd dans la balance de la réussite scolaire. Pendant que certains voisins parviennent à resserrer les écarts, l’Hexagone se débat avec une école qui trie, hiérarchise et reproduit les inégalités plus qu’elle ne les combat.

Où se situe réellement la France dans le paysage éducatif européen ?

Les écarts de performance scolaire en Europe sont flagrants, comme le rappellent les évaluations PISA menées par l’OCDE. La France, jugée à l’aune de ses voisins européens et de nombreux pays industrialisés, se retrouve à la 23e place du classement PISA 2022. Un résultat moyen (499,67), en ligne avec la moyenne OCDE, mais loin derrière les champions asiatiques comme Singapour ou le Japon, et distancée par des pays européens tels que l’Estonie ou l’Irlande. Là-bas, l’accompagnement sur mesure et la qualité de la formation sont régulièrement salués.

Le taux de scolarisation français atteint 99 %, ce qui le place dans la norme européenne. Mais dès que l’on scrute l’organisation des classes et les conditions d’enseignement, la comparaison tourne à l’avantage de la Finlande ou des Pays-Bas. Ces pays investissent plus par élève, recrutent leurs enseignants sur des critères exigeants, et laissent davantage d’autonomie pédagogique aux établissements. La Finlande, souvent citée en exemple, privilégie les petits groupes, la brièveté des journées de cours et limite les devoirs à la maison.

Face à l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas ou la Suisse, la France souffre d’un manque d’attractivité pour le métier d’enseignant et d’une inclusion scolaire insuffisante. Là où les systèmes nordiques misent sur la formation continue et une adaptation fine des parcours, la France peine à offrir aux élèves défavorisés de véritables chances de progression.

Pour mieux visualiser la situation, voici quelques points de comparaison marquants entre la France et ses voisins :

  • 23e place au classement PISA 2022 : la France reste loin derrière Singapour, le Japon, mais aussi des pays européens plus performants.
  • Écarts de réussite entre élèves de milieux favorisés et défavorisés parmi les plus larges de l’Union européenne.
  • Classes surchargées et rémunération des enseignants peu attractive, des faiblesses structurelles qui persistent.

Inégalités scolaires : un mal persistant au cœur du système français

La France se distingue, non par la réussite de tous, mais par l’ampleur de ses inégalités scolaires. Malgré un taux de scolarisation parmi les plus élevés d’Europe (99 %), le fossé entre élèves favorisés et défavorisés ne se comble pas. En mathématiques, l’écart de 113 points mesuré par l’OCDE reste l’un des plus importants du continent. Réformes après réformes, la tendance perdure.

Plusieurs facteurs nourrissent ce phénomène : la composition sociale très marquée des établissements, la sectorisation rigide, l’accès inégal aux dispositifs d’accompagnement, ou encore la faible mixité scolaire dans certains quartiers. Les élèves des milieux modestes se heurtent à des obstacles supplémentaires : orientation précoce, moins de ressources éducatives en dehors de l’école. En face, la Finlande ou les Pays-Bas, souvent cités pour leur capacité à réduire les écarts, misent sur l’inclusion et un accompagnement renforcé pour éviter ce type de dérives.

Les efforts menés en France se heurtent à une réalité tenace : la reproduction sociale y reste particulièrement forte. Le classement PISA 2022 place la France au-dessus de la moyenne OCDE en matière de ségrégation scolaire. Les chiffres sont sans appel : l’origine sociale continue de dicter le parcours d’un élève, davantage qu’en Allemagne, en Belgique ou aux Pays-Bas.

La taille des classes, un facteur clé dans la réussite des élèves ?

La question de la taille des classes s’impose rapidement dans le débat éducatif européen. En France, il n’est pas rare de voir des classes de collège ou de lycée dépasser les 35 voire 40 élèves. À l’opposé, la Finlande maintient des effectifs réduits, rarement supérieurs à 20 élèves. Le contraste est saisissant, d’autant que le budget par élève plafonne à 6 764 euros en France, loin derrière la Suisse ou le Luxembourg.

Plusieurs enquêtes de l’OCDE pointent le lien entre la réussite scolaire et la taille des groupes. Les pays nordiques, grâce à leurs classes peu chargées, peuvent offrir un suivi individualisé et favoriser l’inclusion des élèves en difficulté. A contrario, la surcharge des classes françaises rend l’accompagnement personnalisé plus difficile et freine l’innovation pédagogique.

Les spécificités nationales méritent d’être soulignées :

  • Finlande : effectifs restreints, investissement massif dans la formation continue des enseignants.
  • Pays-Bas : forte autonomie des établissements, adaptation locale des méthodes éducatives.
  • France : classes surchargées, difficultés à personnaliser l’accompagnement.

La rémunération des enseignants ajoute une couche supplémentaire au problème. Là où l’Allemagne ou la Suisse valorisent le métier avec des salaires élevés, la France propose une paie très proche du revenu moyen national. Ce manque d’attractivité nuit à la stabilité des équipes et à la qualité de l’enseignement, alors que la motivation des enseignants s’avère déterminante pour la réussite des élèves.

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Réformer l’école : quelles pistes pour réduire les écarts et élever le niveau ?

Depuis 2018, les résultats des élèves français en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences fléchissent, comme le confirment les évaluations PISA et TIMSS. La crise du Covid-19 n’a fait qu’accélérer cette dynamique préoccupante, déjà visible dans d’autres pays européens tels que la Finlande ou l’Allemagne. Pour tenter d’inverser la tendance, les autorités françaises multiplient les mesures : création de groupes de niveau, soutien individualisé, réformes structurelles au collège, revalorisation de la formation initiale des enseignants.

Voici quelques orientations qui émergent du débat éducatif :

  • Réduire la taille des classes dans les niveaux les plus fragiles, comme en Finlande, afin d’offrir un accompagnement plus efficace aux élèves en difficulté.
  • Renforcer la formation continue des enseignants et reconnaître leur expertise.
  • Donner davantage d’autonomie aux établissements, à l’image des Pays-Bas ou du Royaume-Uni, pour permettre une adaptation des pratiques pédagogiques aux réalités locales.

Du côté des syndicats, le SNES-FSU rappelle que la réussite des réformes dépend de leur stabilité et de leur cohérence dans le temps. L’expert de l’OCDE Eric Charbonnier souligne pour sa part que la performance passe aussi par un véritable investissement dans l’inclusion scolaire et la lutte contre les inégalités sociales. Cibler les ressources sur les territoires les plus fragiles, garantir à chaque élève un accompagnement personnalisé : voilà des leviers déjà éprouvés par les pays européens les mieux placés dans les classements.

Le système éducatif français avance, à reculons parfois, sur le fil étroit des réformes. Reste à savoir si l’école saura un jour émanciper, plutôt que trier. La prochaine génération attend la réponse.